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Exposition

Austrasie, le royaume mérovingien oublié

Mercredi, Mai 3, 2017

Des découvertes archéologiques récentes dans l’Est de la France, notamment à Saint-Dizier, ainsi qu’une relecture des manuscrits de cette époque, permettent désormais d’éclairer d’un jour nouveau la vie quotidienne et l’organisation sociale de ce royaume, créé lors du partage du royaume des Francs à la mort de Clovis et dont la capitale était Reims. Berceau des premiers rois Francs, les Mérovingiens, ce royaume s’étendait sur l’Est de la France, la Belgique, le Luxembourg et l’Ouest de l’Allemagne. Entre 511 et 717, cette « Terre-de-l’Est », cette Austrasie, a été un royaume puissant qui a connu un rayonnement important aussi bien sur le plan politique qu’économique.

Mais le nom « Austrasie » a disparu des mémoires, contrairement à la Bourgogne ou à l’Aquitaine, régions qui ont également été de grands royaumes à cette époque. La réforme territoriale a fait en partie renaître en 2016, cette « Terre-de-l‘Est » sur le territoire français avec la création de la Région Grand-Est.

À l’heure où le questionnement identitaire sature l’espace public, l’exposition est aussi l’occasion de montrer comment s’est construite l’identité culturelle de ce royaume après le temps des grandes migrations à partir de peuples aux origines variées : anciens habitants de l’Empire romain, Germains, Francs et autres soi-disant « barbares ». En Austrasie, encore plus que dans les autres royaumes mérovingiens, un important métissage culturel a été à l’origine de la civilisation médiévale.

Les visiteurs découvriront à travers une muséographie interactive un monde complexe et dynamique, bien loin des clichés véhiculés par les artistes de la fin du XIXe siècle, comme Evariste Luminais ou Eugène Philastre qui ont bâti une légende noire des souverains mérovingiens.

Après une première étape à Saint-Dizier à l’automne et l’hiver derniers, cette manifestation propose ainsi de découvrir, à Saint-Germain-en-Laye, autour de collections du musée d’Archéologie nationale, telle l’épée du chef de Lavoye ou le coquillage de l’Océan indien de la tombe de la dame de Chaouilley, des objets exceptionnels prêtés par de grands musées européens.

Les musées de Cologne et de Stuttgart en Allemagne, le musée d’Amay et les musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles en Belgique, ainsi que le musée national d’Histoire de l’Art du Luxembourg ont prêté des ensembles rares, comme les bijoux de la dame de Grez-Doiceau ou encore les éléments d’architecture de la tribune de la première église abbatiale d’Echternach, aux entrelacs délicatement ciselés.

De nombreux objets, précieux ou modestes, sont également le fruit des recherches archéologiques menées en France. L’anneau et la fibule attribués à l’évêque Endulus, par exemple, ont été découverts lors de fouilles de sauvetage de l’ancienne abbaye Saint-Evre de Toul en 1974, alors que le mobilier funéraire de la tombe du jeune chef mise au jour en 2002 à Saint-Dizier ou les vases et objets du quotidien découverts dans un habitat rural à Prény en Lorraine, sont issus de récentes campagnes de fouilles de l’Inrap.

Présentée à l’occasion du 150e anniversaire du MAN inauguré le 12 mai 1867, cette exposition rappelle la vocation du seul musée national dédié à l’archéologie de notre pays, de la Préhistoire à l’an Mil : soutenir par des partenariats actifs les projets des musées territoriaux et contribuer à la diffusion de la recherche archéologique en France auprès d’un large public.

Labellisée d’intérêt national, cette exposition a été réalisée en coproduction avec le musée de Saint-Dizier, grâce à une convention-cadre de développement culturel signée en novembre 2014 entre la ville de Saint-Dizier, le département de la Haute-Marne, alors la région Champagne-Ardenne, l’Inrap et le MAN. Elle est présentée à Saint-Dizier depuis le 16 septembre 2016 jusqu’au 26 mars 2017.

Austrasie, le royaume mérovingien oublié - Exposition au MAN

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