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La Guerre au présent. Architecture et arts visuels
15 Mars 2023

ENSA Paris-Belleville


Penser les paradoxes des représentations

Penser les enjeux de la reconstruction

 15 mars 2023
 École nationale supérieure d’architecture de Paris–Belleville
amphithéâtre Huet

 

Programme

 

9h : Accueil 

 

9h15 : Ouverture

François Brouat, directeur de l’Énsa–PB 

Cristiana Mazzoni, directrice de l’umr AUsser

Anne-Charlotte Depincé et Élisabeth Essaïan, enseignantes-chercheures et organisatrices de la journée d’étude

 

9h30 : Introduction de la demi-journée.

Élisabeth Essaïan 

 

Panel Architecture

Discutant : Pierre Chabard

9h45 : Ievgeniia Gubkina. C’est la fin du monde tel que nous le connaissons (et je me sens bien)

10h10 : Oleg Drozdov. Penser l’après-guerre

10h35 : pause

10h50 : Iryna Matsevko. Postcolonial non décolonisé : les défis de l’(après) guerre dans l’approche du patrimoine soviétique en Ukraine

11h15 : Philippe Prost. Formes et géométries de la mémoire

11h40-12h40 : discussion

 

14h00 : Introduction de la demi-journée.

Anne-Charlotte Depincé

 

Panel Arts visuels  

Discutante : Annette Becker

14h10 : Arno Gisinger. Memories of memories  

14h35 : Najah Albukaï. Expériences de guerre et reconstructions à travers les migrations

15h00 : Svitlana Biedarieva. L’art ukrainien en temps de guerre : Postcolonialité /décolonialité en point de mire 

15h25 : Émeric Lhuisset. Comment montrer les conflits contemporains : du post-documentaire à l’image amateur

15h50-16h50 : discussion

16h50 : pause

 

18h30-20h30 : Table ronde. Animée par Anne-Charlotte Depincé et Élisabeth Essaïan

avec : Annette Becker, Jean-Louis Cohen, Oleg Drozdov, Anne Lacaton, Émeric Lhuisset et Philippe Prost

 

La Guerre au présent. Architecture et arts visuels

Penser les paradoxes des représentations
Penser les enjeux de la reconstruction

 

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, l’avenir de ce pays et de ses habitants, qui, malgré la guerre subie depuis 2014, ne faisait pas objet d’une même mobilisation de la part de la communauté internationale, se trouve au centre de l’attention. Le soutien et les aides concrètes déjà apportés témoignent de la prise de conscience de la fragilité de la paix et des régimes démocratiques, dont l’Union européenne et l’OTAN se croyaient jusqu’alors garants. De fait, aucun des conflits précédents, qu’il s‘agisse des interventions militaires de la Russie post-soviétique en Tchétchénie (1996 ; 1999-2000), en Géorgie (2008) ou en Syrie (2015), malgré les modes opératoires similaires, ou de l’exemple plus ancien de la guerre des Balkans (1991-2001), n’a engendré une telle prise de conscience. L’ampleur et la nature des exactions et des destructions commises par l’armée russe, ravive par ailleurs des souvenirs plus lointains, ceux de la Seconde Guerre mondiale, où « la violence génocidaire s’est [aussi] accompagnée d’une destruction urbicide ».

Cette tragédie qui se déroule aux portes de l’Europe a eu aussi pour conséquence de faire découvrir au public international la culture artistique ukrainienne, contemporaine et passée, jusqu’alors observée à travers l’unique prisme de l’histoire de la Russie et de l’URSS. Des colloques, des forums culturels, des expositions, des ouvertures de collections se sont succédés depuis un an, dont, à Paris, la grande exposition consacrée à l’artiste Boris Mikhaïlov à la Maison Européenne de la Photographie ou les nouvelles salles de la scène artistique ukrainienne ouvertes au Centre Georges Pompidou.

L’implication des architectes ne s’est pas non plus faite attendre. Ainsi, deux mois à peine après le début de l’invasion, le maire de Kharkiv, Ihor Terekhov, invitait Sir Norman Foster à proposer un master plan. Ce choix n’a pas manqué de susciter aussitôt des critiques des architectes locaux. Celles-ci portent autant sur la précipitation de la réponse ; l’absence d’une concertation suffisante avec les architectes ukrainiens ; la non prise en compte de la dimension régionale de la reconstruction ; que sur la pertinence même d’une approche par l’élaboration d’un master plan, - vision et pratique d’urbanisme héritées du XXe siècle, plaquées sur une réalité du XXIe siècle.

Depuis, plusieurs conférences internationales qui se sont tenues dans les différentes villes européennes, dont celle de Paris le 13 et le 14 décembre 2022, ont précisé la nature de l’aide à apporter à la reconstruction du pays et la participation des entreprises, notamment françaises, à cette reconstruction. Si ces échanges ont essentiellement porté sur le caractère technique et financier de ce nouveau « plan Marshall », où la reconstruction des infrastructures occupe, sans surprise, la première place, on peut cependant y lire, en filigrane, la prégnance du modèle technologique de la ville hyper-connectée, qui prolonge l’orientation déjà prise par l’Ukraine avant la guerre. 

L’ambition première de cet événement, décliné sous forme d’une journée d’étude et d’une table ronde, est d’offrir un lieu de débat et un temps de réflexion, en rendant visibles les multiples questions soulevées par la guerre, ses représentations et projets de reconstruction, pour faire émerger des réponses, nourries d’exemples historiques et contemporains. Seront notamment interrogés le paradoxe existant entre la violence de la destruction et sa perception en tant que potentiel de création de nouveaux projets de la part des architectes, des urbanistes, des entreprises et des investisseurs appelés à reconstruire le pays ; les tensions entre l’urgence de mise à l’abri et de reconstruction des infrastructures, et la nécessité du temps long de la réflexion pour faire émerger une vision concertée d’aménagement territorial ; les difficultés des choix mémoriels et de leurs expressions formelles ; la mobilisation des modèles et des valeurs qu’ils véhiculent, qu’il s’agisse de l’affirmation des identités nationales, des valeurs universelles et démocratiques, de l’actualisation des outils de protection militaire, ou de la prise en compte du changement climatique.

Une large place sera aussi donnée aux artistes et leurs regards sur ce conflit mais aussi sur d’autres guerres. Si les scènes artistiques occidentales s’intéressaient à la guerre plus généralement dans sa transmission et sa dimension mémorielle dans les périodes de paix, les guerres actuelles reconfigurent nos représentations des conflits. Quelles nouvelles formes le sentiment de vivre l’histoire au présent et la nécessité de figurer la guerre dans l’urgence provoquent-ils ? Entre réel et fiction, la nature et les conditions de nos représentations seront particulièrement interrogées : la place et les limites de la photographie documentaire et des images d’archive ; la manière dont le numérique façonne les images de guerre et l’impact de l’esthétique de cette captation ; les mises en scènes et mises en récit ; comment la scène artistique ukrainienne remet en perspective les notions post-coloniales dans ses productions, etc.

Dans ce temps de débat sur les traces de la guerre, des violences et de la destruction dans la reconstruction de l’Ukraine, l’apport des artistes, architectes et historiens permettra de questionner les enjeux et les possibles dans les oeuvres mais aussi dans les espaces pratiqués et les strates physiques de la ville avant que les choix de projets de reconstruction ne stabilisent mais aussi invisibilisent les hypothèses antérieures. Il questionnera le devenir du patrimoine matériel et immatériel de l’Ukraine dans le contexte particulier qui est celui de la destruction ; interrogera les choix mémoriels qui s’opèrent dans la reconstruction à venir, et notamment le devenir du patrimoine particulier issu du mouvement moderne, mais aussi, plus largement, de l’héritage colonial russe et soviétique. Les multiples questions soulevées par les projets de reconstructions en cours interrogent avec une acuité particulière les modèles, leurs vecteurs et acteurs de circulation, ainsi que les pratiques et les processus de transformation du cadre bâti et paysager dans un contexte de crise. L’ambition de cette journée d’étude est de produire, dès à présent, une réflexion féconde par l’articulation entre les productions visuelles, savantes ou populaires, techniques ou artistiques avec les productions architecturales et les représentations mentales. 

 

Biographies : 

 

Artiste d’origine syrienne, Najah Albukaï a été formé aux Beaux-arts de Damas et aux Beaux-arts de Rouen. Il était professeur de dessin à l’université internationale des sciences et techniques de Damas quand il a pris fait et cause pour la révolution syrienne. Arrêté à trois reprises, en 2011, 2012 et 2014, il est rescapé de deux périodes d’emprisonnement d’un mois en 2012 et d’une année en 2014-2015. Il n’a cessé de porter témoignage dans ses dessins depuis qu’il a pu s’exiler. Réfugié en France depuis 2015, il y développe un travail de gravures dans différents ateliers, à partir des dessins de son expérience dans les prisons syriennes. Il a été pensionnaire de la Casa de Velazquez à Madrid en 2021 et 2022. Sont parus sur son travail : Tous témoins, Dessins de prison, Syrie, octobre 2015 - juin 2020, sous la direction de Farouk Mardam-Bey, Actes Sud (2021) ; Najah Albukaï - Graver la mémoire, Denis Lafay, Laurence Bertrand-Dorléac et Boris Cyrulnik, El viso (2023).

Annette Becker est professeure émérite d’histoire à l’université Paris-Nanterre. Ses recherches portent sur les guerres et génocides des XXe et XXIe siècles, leurs mémoires et leurs oublis, ainsi que sur les artistes, écrivains, intellectuels en guerres et sur les musées d’histoire où les récits des violences et des crimes de masse sont mis en scène ou leurs traces instrumentalisées parfois par le tourisme mémoriel ou Dark Tourism. Annette Becker est une des fondatrices de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne et du parcours historique du Mémorial de la Shoah à Paris. Elle est administratrice du musée national des Invalides et préside son comité scientifique. Derniers ouvrages parus : Voir la Grande Guerre, un autre récit, 1914-2014, Armand-Colin (2014) ; Messagers du désastre, Raphaël Lemkin, Jan Karski et les génocides, Fayard (2018). Messengers of Disaster, Raphaël Lemkin, Jan Karski and Twentieth-Century Genocides, The University of Wisconsin Press (2021) ; L’Immontrable ? Des guerres et des violences extrêmes dans l’art et la littérature, Créaphis (2021) ; Arrachés. Otto Freundlich, Pierre Ignace, et 54 Raflés de Reillanne, 1939-1944, Gallimard (2023 - à paraître.) ; Andrea Brazzoduro, Ken Daimaru et Fabien Théofilakis (dir.) Faire l’histoire des violences en guerre, Annette Becker, un engagement, Créaphis (2021). 

Svitlana Biedarieva est historienne de l’art, commissaire d’exposition et artiste. Ses recherches actuelles portent sur l’art ukrainien contemporain, la décolonialité et la guerre actuelle de la Russie contre l’Ukraine. Elle travaille également sur certains sujets liés à l’art d’Europe de l’Est et d’Amérique latine. Elle est titulaire d’un doctorat en histoire de l’art du Courtauld Institute of Art de l’université de Londres. Elle a dirigé l’ouvrage Contemporary Ukrainian and Baltic Art: Political and Social Perspectives, 1991-2021 (2021) et co-auteure (avec Hanna Deikun) de At the Front Line. Ukrainian Art, 2013-2019 (2020). En 2019-20, elle a été commissaire de l’exposition At the Front Line: Ukrainian Art, 2013-2019 au Mexique et au Canada. Elle a publié des textes critiques sur l’art ukrainien dans des publications universitaires et médiatiques telles que October, ArtMargins Online, post at MoMA, Revue Critique d’Art, Burlington Contemporary, Financial Times et The Art Newspaper, entre autres. En 2022, elle a été sélectionnée en tant que cec ArtsLink International Fellow (en collaboration avec l’Université du Kansas) et Non-Resident Visiting Fellow à l’Institute for European, Russian, and Eurasian Studies de l’Université George Washington. Elle prépare actuellement la monographie Ambicoloniality and War: The Ukrainian-Russian Case aux éditions Palgrave Macmillan. 

Pierre Chabard est architecte, historien et critique d’architecture. Auteur d’une thèse sur les expositions urbaines de Patrick Geddes, il est maître de conférences à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris La-Villette et travaille, au sein de l’équipe de recherche Ahttep (UMR CNRS n°3329 AUsser), à une histoire sociale et culturelle de l’architecture contemporaine au prisme de ses médiations. Contributeur de plusieurs revues d’architecture (d’A, A10 A+, Abitare, Log, aa Files, etc.) et d’art (L’Art même, Critique d’art, Cahiers du Mnam), il fut membre du comité de rédaction de la revue Le Visiteur (2001-2003), avant de cofonder Criticat qu’il a co-animé entre 2007 et 2018. Il dirige les Éditions de la Villette depuis octobre 2019. Il a notamment publié Charles Vandenhove, maître d’oeuvres (2010), La Défense : Architecture/politique, histoire/territoire (2 vol., 2012), Raisons d’écrire. Livres d’architectes 1945-1999 (2013), Yours Critically (2016), Représenter : objets, outils, processus (2020). 

Jean-Louis Cohen est architecte et historien. Il est depuis 2014 Sheldon H. Solow Professor in the History of Architecture à l’Institute of Fine Arts de New York University et a été professeur invité du Collège de France de 2014 à 2021. Parmi ses quelque quarante ouvrages publiés figurent Frank Gehry. Catalogue Raisonné of the Drawings. Vol. 1, 1954-1978 (2020) ; Construire un Nouveau Monde, l’amerikanizm dans l’architecture russe (2020) ; Le Corbusier: an Atlas of Modern Landscapes (2013) ; Interférences / Interferenzen: architecture, Allemagne, France 1800-2000 (2013, avec Hartmut Frank) ; L’architecture au futur depuis 1889 (2012) ; Architecture en uniforme (2011) ; Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine (1998, avec Monique Eleb). Il a conçu nombre d’expositions, dont Le Corbusier, an Atlas of Modern Landscapes au MoMA de New York (2013) ; Scènes de la vie future, Architecture en uniforme et Construire un nouveau Nouveau Monde, au Centre canadien d’architecture de Montréal (1995, 2011 et 2019) ; Interférences, au MAMC de Strasbourg (2013) et Une architecture de l’engagement : l’AUA (1960-1985), à la Cité de l’architecture et du patrimoine (2016). En 2014, il a été commissaire du pavillon de la France à la Biennale d’architecture de Venise.

Anne-Charlotte Depincé est peintre. Diplômée des Beaux-arts de Marseille en 2004, elle est maîtresse de conférences en ATR à l’Énsa de Paris–Belleville. Son travail artistique, présent dans des collections publiques et privées, développe une peinture du recouvrement qui recompose les relations des images peintes au réel et à la mémoire. Doctorante en arts plastiques (PTAC - Université Rennes 2) et en histoire contemporaine (HAR - Université Paris Nanterre), ses recherches portent sur la figuration du motif de la guerre dans la peinture contemporaine : recherche picturale sur les modes de figuration et recherche historienne et culturelle sur notre rapport à la guerre en ce début de XXIe siècle, le travail en atelier est ainsi lié à l’étude de la scène picturale actuelle (peintres de la scène contemporaine, peintres aux armées et peintres réfugiés en France), ses processus de figuration des guerres, qu’il s'agisse des guerres transmises (les guerres du XXe siècle) ou des guerres post 11 septembre 2001.

Oleg Drozdov est architecte, urbaniste, artiste et enseignant. En 1997, il a fondé le bureau d’architecture Drozdov&Partners. En 2017, il a fondé l’école d’architecture de Kharkiv et y enseigne. KHSA est la première école d’architecture privée et indépendante en Ukraine. Ses projets les plus connus sont le club hippique VG, plusieurs centres commerciaux et des immeubles d’habitation - tous à Kharkiv - ainsi que des maisons dans toute l’Ukraine et le Café Très à Montreux, en Suisse. Le théâtre na Podoli à Kiev a suscité des débats intenses sur l’insertion d’un bâtiment moderne dans le tissu historique. En 2022, il a fondé, avec Fulco Treffers, Ro3kvit Urban Coalition for Ukraine, qui développe une méthodologie pour la reconstruction de l’Ukraine. Il a été commissaire des projets d’exposition Monisto, Biennale de Rotterdam (2005) ; Patiologie (2006) ; Circonstances, Biennale d’architecture de Moscou (2012). Expert de la Commission européenne et nominé à deux reprises (2019, 2021) au prix Mies van der Rohe de l’UE pour le théâtre sur na Podoli et pour les projets de la clinique dentaire Sense et du club hippique VG, il est co-auteur de Conversations about Architecture (2022). 

Élisabeth Essaïan est architecte DPLG (1996), docteure en architecture (2006), maîtresse de conférences en TPCAU à l’Énsa de Paris–Belleville et chercheure au laboratoire IPRAUS/UMR AUsser 3329. Elle a été pensionnaire de l’Académie de France - Villa Médicis à Rome (2008-2009) et chercheure invitée au Centre Canadien d’Architecture de Montréal (2011). Après un diplôme, puis une exposition, consacrés aux conflits et formes mémoriels du village martyr d’Oradour-sur-Glane, ses travaux de recherche ont porté sur l’architecture et l’urbanisme soviétique de la période stalinienne. Sa thèse (2006), récompensée par le Prix de la thèse, a donné lieu à l’ouvrage Le prolétariat ne se promène pas nu. Moscou en projets (Parenthèses, 2021). Elle co-dirige avec Laetitia Overney et Stéphanie Dadour, le programme de recherche Rendre visible les précarités urbaines. À l’école des situations «informelles» qui a donné lieu à la création de la plateforme Architecture et précarités et prépare une HDR sur la représentation du vide dans les plans d’architecture. 

Arno Gisinger est né en Autriche. Il vit et travaille à Paris. Après avoir poursuivi des études d’histoire et de philologie allemande en Autriche, il sort diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie à Arles. Cette double formation le conduit à travailler sur les relations entre mémoire, histoire et représentations photographiques. Au milieu des années 1990 il commence à développer une pratique artistique singulière qui lie photographie et historiographie sous forme d’enquêtes. Plusieurs de ses travaux portent sur l’exil, la guerre, la spoliation ou la Shoah et tentent d’élargir la notion des pratiques dites « documentaires ». La pratique d’Arno Gisinger met à l’épreuve la représentation du passé et interroge le statut des images photographiques. Il mène des recherches théoriques sur les questions liées à l’écriture de l’histoire et la théorisation des pratiques contemporaines de l’image. Dans une démarche transversale il collabore régulièrement avec des chercheurs et chercheuses d’autres disciplines, créant ainsi un dialogue entre art et sciences humaines. Ses récents travaux sont marqués par une réflexion sur les dimensions architecturales, institutionnelles et politiques des images. Arno Gisinger est enseignant-chercheur à l’université Paris 8 à Saint-Denis et rattaché au laboratoire de recherche AIAC / EPHA. 

Ievgeniia Gubkina est historienne de l’architecture, chercheuse invitée à l’UCL - London’s Global University (2022-2023), et cofondatrice (depuis 2014) de l’ONG Urban Forms Center. Ses travaux portent sur l’architecture et l’urbanisme du XXe siècle en Ukraine, ainsi que sur une approche multidisciplinaire des études du patrimoine. Elle est l’auteur des livres Slavutych: Architectural Guide (2015) et Soviet Modernism. Brutalism. Post-Modernism. Buildings and Structures in Ukraine 1955–1991 (2019). En 2020-2021, elle a été commissaire de Encyclopedia of Ukrainian Architecture, un projet multimédia en ligne croisant l’architecture, l’histoire, la critique, le cinéma et les arts visuels. Elle a organisé et participé à de nombreux événements visant à promouvoir et à explorer le patrimoine moderniste, dont la participation au documentaire «Bauhaus Imaginista Project» (2018, Kharkiv, Ukraine, Rotterdam, Pays-Bas) et la co-organisation des deux premières conférences internationales «Modernistki. Violence in Architecture and Urban Space» (2017, 2016). Elle participe régulièrement à des séminaires et conférences scientifiques, notamment «Claiming Spaces. Perspectives féministes dans l’architecture et l’aménagement de l’espace» (Vienne, 2019), «30 ans après 1989 : Legacies of Post-Socialism» (Berlin, 2019), «One Stone On Another» (Rotterdam, 2018), etc.

Anne Lacaton est architecte. Diplômée de l’École nationale supérieure d’architecture de Bordeaux en 1980, elle fonde, en 1987, en association avec Jean-Philippe Vassal, l’agence Lacaton et Vassal. Dès leurs premiers travaux, ils se font remarquer en exploitant des techniques issues de l’industrie ou de l’agriculture, à la fois minimale et économique. Leur architecture évite tout monumentalisme et valorise une « esthétique de l’essentiel ». La démarche de Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal se fonde sur une préoccupation constante vis-à-vis de la qualité d’usage et sur la certitude qu’il faut inventer de nouveaux espaces d’habitation, plus ouverts et plus spacieux ; les standards en logement, vieux d’un demi-siècle et toujours en usage, ne répondant absolument plus aux besoins et au mode de vie contemporains. Pour réaliser ces objectifs d’espaces et de confort, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal sont attentifs au contexte, à l’économie générale du projet et l’optimisation des systèmes constructifs. Ils reçoivent le Grand Prix national de l’architecture Jeune Talent du ministère de la Culture en 1999, sont lauréats du Grand Prix national de l’architecture en 2008 et lauréats du Prix Pritzker en 2021. 

Emeric Lhuisset est diplômé en art (École des Beaux-arts de Paris) et en géopolitique (École normale supérieure Ulm / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Son travail est présenté dans de nombreuses expositions, notamment à la Tate Modern (uk), au Centre Pompidou (fr), au Museum Folkwang (de), à l’Institut du Monde Arabe (fr), au Stedelijk Museum (nl), aux Rencontres d’Arles (fr), au Sursock Museum (lb) ou encore au Times Museum (cn). Il remporte entre autres le British Journal of Photography International Photography Award, la Résidence BMW pour la Photographie et le Grand Prix Images Vevey - Leica Prize. Il publie chez André Frère Éditions et Paradox Maydan – Hundred portraits (2014), Last water war (2016), Ukraine - Hundred hidden faces (2022), chez André Frère Éditions et Al-Muthanna L’autre rive (2017), aux éditions Trocadero Quand les nuages parleront (2019), chez Filigranes Éditions Le bruit du silence (2020) et aux éditions de la Martinière Percevoir, Emeric Lhuisset (2023). En parallèle de sa pratique artistique, il enseigne à Sciences Po sur la thématique art contemporain & géopolitique.

Iryna Matsevko est historienne et directrice adjointe de l’école d’architecture de Kharkiv, évacuée vers Lviv en mars 2022. Ses enseignements se concentrent sur les contextes culturels et sociaux de l’architecture, les études du patrimoine et les pratiques urbaines. Ses recherches portent sur l’histoire sociale et culturelle de l’Ukraine soviétique, l’histoire urbaine, ainsi que le patrimoine et les pratiques urbaines comme moteur de la durabilité dans les villes et les communautés. Son expérience pratique comprend le développement et la gestion de projets d’histoire publique sur les mémoires contestées et les approches inclusives dans les pratiques patrimoniales (patrimoine urbain immatériel en Ukraine, mise en oeuvre des pratiques patrimoniales, principes directeurs de l’interprétation et de la gestion du patrimoine culturel, etc.). Elle a été membre de l’équipe du projet de commémoration de l’espace de la synagogue de Lviv ; co-directrice et coordinatrice du projet triennal ReHERIT: Common Responsibility for Shared Heritage à Lviv et Ouman ; conceptrice de la méthodologie et du contenu des promenades urbaines sur le patrimoine contesté pour les guides à Lviv et Ouman ; chef de projet pour le marquage de dix sites du patrimoine multiculturel dans l’espace public d’Ouman ; et éditrice et co-auteur de Uman. (Un)known Stories of the City, un recueil de textes sur le passé, la mémoire et le patrimoine d’Ouman

Philippe Prost est architecte, urbaniste, diplômé de l’école de Chaillot. Il est professeur à l’école nationale supérieure d’architecture de Paris–Belleville et chercheur au laboratoire IPRAUS / UMR AUsser 3329. Après avoir consacré une dizaine d’années à la recherche, en 1991, il est appelé au chevet de la citadelle de Belle-Ile-en-Mer pour une aventure qui durera près de 15 ans. Il réalise le Mémorial International de Notre Dame de Lorette, appelé l’Anneau de la Mémoire, qui est inauguré par le président de la République, le 11 novembre 2014, à l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale. En 2017, il livre le site métamorphosé de la Monnaie de Paris qui s’ouvre au public. Lauréat du RIBA International Award for Excellence du Royal Institute of British architectes à Londres et du Dedalo Minosse International Prize en Italie. En 2022, le ministère de la Culture lui a décerné le Grand Prix national de l’architecture. Il est auteur de Par art et par nature, Architecture de guerre (2019).

 

Direction de la journée d’étude :

 

Anne-Charlotte Depincé (Énsa–PB/PTAC-HAR),

Élisabeth Essaïan (Énsa–PB/IPRAUS-UMR AUsser)

 

Comité scientifique :

 

Annette Becker (HAR/ Université Paris Nanterre),

Svitlana Biedarieva (IERES, George Washington University),

Pierre Chabard (ensapv/ahttep-UMR AUsser),

Jean-Louis Cohen (IFA, New York/IPRAUS-UMR AUsser),

Oleg Drozdov (KHSA, Kharkiv),

Paul Landauer (ensavt Paris-Est/OCS-UMR AUsser),

Catherine Maumi (ensapv/ ahttep-UMR AUsser)

 

Entrée libre dans la limite des places disponibles

Inscriptions recommandées : laguerreaupresent@paris-belleville.archi.fr

Suivre en distanciel : https://us06web.zoom.us/j/88438026637?pwd=TjQ3bC9TVlEvT3h2QjYwUHRVcDQvdz09 

Traduction du français et de l’anglais en simultané

 

Retrouvez la version pdf du programme en bas de cette page dans la rubrique Documents. 

 

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