Doctorante du labex Les passés dans le présent, Marie JANOT-CAMINADE soutiendra sa thèse intitulée :
"Genrer les "Malgré-Nous" et les "Malgré-Elles" : espace militant et mise en récit de l'incorporation de force (1953-2018)"
Celle-ci se tiendra le mardi 5 décembre 2023 à partir de 14h30 dans la salle des thèses B.015 RDC (Bâtiment Grappin) de l'Université Paris-Nanterre, 200 avenue de la République, 92000 Nanterre (RER A, Ligne L, parking).
Un lien Zoom pour suivre la soutenance à distance sera mis en place pour celles et ceux qui ne peuvent pas y assister en présentiel.
Le jury sera composé de :
- Christelle Avril, Maîtresse de Conférences en Sociologie, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, CMH (Examinatrice).
- Eric Fassin, Professeur des Universités en Sociologie, Université Paris 8, LEGS (Rapporteur).
- Sarah Gensburger, Directrice de Recherche en Science Politique, CNRS, CSO (Présidente).
- Alexandra Oeser, Professeure des Universités en Sociologie, Université Paris-Nanterre (Directrice de thèse).
- Fabrice Virgili, Directeur de Recherche en Histoire contemporaine, CNRS (Rapporteur).
- Michelle Zancarini-Fournel, Professeure des Universités émérite en Histoire contemporaine, Université Lyon I (Examinatrice).
La soutenance sera suivie d'un pot auquel vous êtes chaleureusement convié-e-s à partir de 18h30 au même endroit.
Merci d'indiquer votre présence via ce lien : https://framadate.org/
Résumé de la thèse :
Cette thèse prend pour objet d'étude la mémoire officielle des hommes et des femmes d'Alsace-Moselle incorporé-e-s de force dans les unités armées ou paramilitaires de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, des luttes militantes s'établissent en vue de l'obtention de la reconnaissance de celles et ceux qu'on appelle désormais les « Malgré-Nous » et les « Malgré-Elles ». Ces deux groupes sont présentés comme sexués, c'est-à-dire uniquement composés d'hommes ou de femmes, alors qu'ils sont en réalité mixtes. Les « Malgré-Nous » sont des hommes et des femmes affectés dans les unités militaires de la Wehrmacht quand les « Malgré-Elles » regroupent des hommes et des femmes des formations paramilitaires.
À partir d'archives et d'entretiens, cette thèse envisage les luttes pour la reconnaissance des « Malgré-Nous » et des « Malgré-Elles » ainsi que leurs effets sur les mises en récit des témoins comme un véritable laboratoire de construction du genre. Dans un premier temps, ce travail étudie l'évolution de l'espace militant de l'incorporation de force. Entre 1953 et 1994, cet espace se caractérise par des rapports de concurrence entre hommes militaires et paramilitaires issus des partis politiques de la droite française. Les premiers mobilisent des représentations genrées du « front » et de « l'arrière » tandis que les seconds usent de revendications féministes, ce qui contribue à définir les « Malgré-Nous » et les « Malgré-Elles » comme des catégories sexuées. Cette thèse met aussi en exergue les conditions sociales et politiques qui, à partir de 1994, permettent à des femmes politisées à la cause des femmes de remplacer les hommes à la tête des associations militant pour l'indemnisation des paramilitaires. Dans un second temps, cette thèse explore les effets de ces luttes sur les mises en récit réalisées par les hommes et les femmes incorporé-e-s de force entre 2012 et 2018. Elle révèle ainsi la performance de diverses féminités et masculinités. Celles-ci entrainent une véritable hiérarchisation des témoins qui ne s'effectue pas selon le sexe mais selon l'affiliation à un groupe dit « masculin » - les hommes et les femmes « Malgré-Nous » - et à un groupe dit « féminin » - les hommes et les femmes « Malgré-Elles ».