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Explorer le passé pour envisager le présent et le futur - Atelier franco-britannique 1

Le contexte

En 2014, deux programmes majeurs de recherche portant sur les représentations, les usages sociaux, politiques et culturels du passé ainsi que sur les relations entre passé et présent se sont engagés dans une voie de coopération inédite.

Il s’agit, en France, du laboratoire d’excellence Les passés dans le présent : histoire, patrimoine, mémoire, porté par l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, qui associe plusieurs unités de recherche et des institutions patrimoniales de première importance. En Grande-Bretagne, le programme national Care for the Future : Thinking Forward Through the Past est porté par le Arts and Humanities Research Council.

Entre ces deux programmes, qui combinent l’un et l’autre des recherches de long terme avec des projets de plus courte durée, les affinités sont non seulement thématiques, mais méthodologiques : orientation interdisciplinaire, nouvelles formes de partenariat avec les institutions patrimoniales, soutien aux jeunes chercheurs, expertise pour la définition des politiques culturelles ayant trait au passé, développement de coopérations internationales.

Le labex Les passés dans le présent et le programme Care for the Future ont donc décidé d’unir leurs efforts pour créer, à partir d’un point d’appui franco-britannique, les conditions d’une recherche transfrontalière et transnationale.

En 2015 et 2016, la coopération se déclinera notamment par :

  • l’organisation de 3 ateliers de recherche franco-britanniques ;
  • le lancement d’un appel à projets de recherche franco-britannique (mars 2015).

Les termes de cette coopération ont été élaborés par deux groupes de travail, le premier réuni à Nanterre en février 2014, le second à Londres fin juin 2014. Les propositions de ces groupes ont été validées par les instances respectives des partenaires impliqués.

Les ateliers de recherche franco-britanniques

Ouverts aux chercheurs et aux professionnels des institutions patrimoniales impliqués dans les deux programmes, les ateliers de recherche franco-britanniques réuniront pendant deux journées complètes une quarantaine de personnes. Au total, l’atelier vise donc à mobiliser sur les 3 sessions 120 personnes.

Le format a été conçu pour permettre un travail approfondi et convivial : deux jours de travail, au cours desquels alterneront des temps d’exposés et des temps de débats plus informels, ou encore d’approches sous d’autres formes des problèmes traités (écoute et visionnage d’enregistrements,  de films ou d’extraits de films, visites…).

Les objectifs poursuivis sont de deux ordres. D’une part, il s’agit, grâce à des exposés sur des recherches en cours ou projetées, d’enrichir les problématiques de recherche des deux programmes, notamment dans une perspective transnationale. D’autre part, il s’agit de créer les possibilités de constitution de solides réseaux de partenariats réunissant chercheurs et professionnels des institutions patrimoniales, susceptibles à moyen terme de se mobiliser sur des chantiers d’ampleurs européenne et internationale.

Conçue à partir d’une question plus générale, “Quelle(s) histoire(s) notre présent veut-il?”, qui pourrait permettre de redéfinir les relations entre histoire et passé, la série d’ateliers traitera des questions d’étude à partir de la pluralité des disciplines, en veillant à identifier les enjeux interdisciplinaires. Elle invitera également les participants à se démarquer des seules approches

comparatives pour mettre en lumière les dimensions transnationales, tant celles héritées du passé que celles liées à la globalisation et aux circulations des savoirs qu’elle induit.

 

Premier atelier : Explorer le passé pour interroger le présent et le futur
Fondation Royaumont (Val d’Oise), France, les 16 et 17 janvier 2015

Thème 1 : Quelles notions pour quelles recherches ?

Qu’entend-on en français par « histoire », « patrimoine », « mémoire », « patrimoine immatériel », « traces », « archives », « indices », « signes », « vestiges », « ruines », etc? Qu’entend-on en anglais par « history », « legacy », « heritage », « memory », «intangible heritage», « traces », « archives », « clues », « cues », « vestige  » ? Qu’entend-on dans la langue vernaculaire? Qu’entend-on dans les sciences humaines et sociales ? Quels rapports au passé, au présent, au futur ces termes, dans leurs acceptions et leurs usages les plus contemporains, manifestent-ils?

La langue construit les questions de recherche et les mots réclament l’attention. Comme l’a montré le Vocabulaire européen des philosophies, dirigé par Barbara Cassin[1], l’analyse étymologique ne rend pas compte à elle seule de l’épaisseur de notions qui, au fil des voyages entre les langues, se transforment et se connotent de nouveaux contextes, de nouveaux cadres normatifs, de nouveaux usages. S’ensuivent sous d’apparentes proximités des effets de distanciation ou de transformations qui sont matière à réflexion. Sans se limiter au français et à l’anglais, et en ouvrant amplement sur les approches non occidentales, l’Atelier permettra de mieux cerner, dès le début, ce dont on parle.

Plus largement, l’Atelier devrait permettre d’étudier et de mieux situer la notion de patrimoine dans les sociétés contemporaines, toujours plus extensive, la notion de mémoire, dont le domaine « public » ne cesse de s’étendre, et de réarticuler ces notions à celle de l’histoire, d’une part, du passé et du futur, d’autre part.

L’objectif de ce premier chantier d’exploration est donc de créer une compréhension commune des enjeux contemporains de la recherche entre les deux programmes.

Thème 2 : Conjuguer les archives au futur

Répondant au même objectif exploratoire que le premier thème, à savoir esquisser une compréhension commune des enjeux contemporains de la recherche entre les deux programmes, ce second sujet vise à se saisir de la question des archives dans le rapport que celles-ci entretiennent avec le futur, tant à des époques passées qu’aujourd’hui. La constitution des archives doit-elle plus aux constructions culturelles du passé ou aux constructions culturelles du futur ? En quels termes se posent aujourd’hui les démarches de constitution de fonds d’archives ? Sont-elles transformées par la prise en compte de leurs (futurs) usages ?

De quelle manière la numérisation et le développement des archives nativement numériques transforment-ils ces pratiques tant de constitution que d’usages ? Comment instruire le débat sur les archives dites « pérennes » ?



[1] CASSIN Barbara (dir.). Vocabulaire européen des philosophies, Le Seuil/Le Robert, 2004