Share
L'irrévérence dans les arts visuels et les descriptions de monuments du VIe s. av. J.-C. au XIIe s. ap. J.-C.
October 20 2017

Salle du Conseil, 4e étage 9h30-17h00

Maison Archéologie et Ethnologie, René-Ginouvès


Comme l'ont montré de récents travaux sur la littérature latine (par exemple, B. Delignon – Y. Roman (dir.), Le poète irrévérencieux, Lyon, 2009), l’irrévérence des poètes anciens à l'égard du pouvoir pouvait, dans certaines circonstances, être acceptée, voire encouragée par un prince désireux de montrer que les voix discordantes et critiques étaient, sous son règne, en mesure de s'exprimer. Cette question est cependant fort peu abordée au sujet des arts visuels alors qu’elle s’y pose avec une acuité profonde : dans quelle mesure l'irrévérence peut-elle être pensionnée par le pouvoir ou servir les intérêts d'élites locales ?

Durant la période hellénistique et la période impériale, la poésie, souvent étroitement contrôlée par le pouvoir, a connu de nombreuses formes d'irrévérence vis-à-vis d'autorités établies : soit par rapport à des modèles établis (et c'est la question du burlesque et de la parodie), soit par rapport à des figures représentant une forme d'autorité religieuse, intellectuelle ou même politique. Si la question est fréquemment abordée dans les études littéraires, elle l'est beaucoup moins, en revanche, au sujet des arts visuels alors que des œuvres, certes problématiques mais a priori majeures, comme la Calomnie d'Apelle posent avec acuité cette question. Les notions antiques correspondant à l'irrévérence ne sont pas toujours clairement ou précisément définies et les langues modernes connaissent beaucoup de notions proches : caricature, insolence, satire, subversion...

Ce questionnement implique de reconstituer le regard et l'approche des lecteurs et spectateurs anciens. Ce que nous recevons aujourd'hui comme irrévérencieux ne l'était pas forcément, et inversement. Qu'une œuvre soit reçue comme irrévérencieuse n'implique pas nécessairement qu'elle ait été produite avec une intention d'insolence. Comment fonder aujourd'hui l'approche de l'irrévérence antique sans connaissance précise du contexte de commande des œuvres ou de leur contexte d'exposition ? Quelle était la finalité de l'irrévérence ? Pouvait-elle être seulement de faire rire ? Comment se pose la question du rapport aux langage et aux textes dans les œuvres visuelles irrévérencieuses ?

Cette journée vise à examiner différents exemples de poèmes, d'ecphraseis et si possible d'œuvres d'arts irrévérencieuses qui auraient été composés sous la protection du prince ou pour des personnages puissants ; on examinera aussi des œuvres qui peuvent faire écho à des représentations irrévérencieuses de ce type. Il s'agira notamment de poser la question des formes que prend l'irrévérence dans les arts figurés et de ses liens éventuels avec l'irrévérence poétique : on pourra examiner les différentes traditions relatives à des portraits caricaturaux de princes, mais aussi la manière dont les poètes peuvent faire allusion, de manière peu flatteuse, à des portraits officiels et proposer, par les mots, une lecture subversive d'images qui ne l'étaient pas ; seront également analysées, en lien avec les travaux de l'équipe LIMC, les iconographies qui proposent une version inédite, parodique ou obscène d'un épisode mythologique donné : parallèlement à l'examen attentif des quelques exemples conservés, on étudiera les sources littéraires qui mentionnent ces œuvres scandaleuses, mais aussi les textes qui prétendent en exposer les finalités ou qui éclairent la réception de ces œuvres. Nous examinerons les liens que les sources littéraires établissent entre certaines de ces œuvres et le pouvoir ; nous envisagerons également les problèmes méthodologiques que soulèvent de telles images parodiques, souvent mises en lien avec une source littéraire perdue ou une forme de perfomance scénique (pièce de théâtre, pantomime, etc.).

Programme

9h30 Accueil

9h50 Introduction

10h00 Sacrée irrévérence : scènes obscènes et burlesques dans l’iconographie funéraire étrusque
Marlène Nazarian-Trochet

10h30 Un pied (de nez) dans la tombe : l’irrévérence sur les productions d’argile en contexte funéraire
Florence Le Bars

11h00 Discussion

 

11h10 Pause

 

11h30 Le Peintre d'Arpi, un peintre irrévérencieux ?
Claude Pouzadoux

12h00 Des images irrévérencieuses dans la poésie et l'art auliques hellénistiques
Évelyne Prioux

12h30 Discussion

 

12h40 Déjeuner

 

13h50 Les amours de Vénus et d'Adonis : troublantes ekphraseis et inceste royal. Une interprétation irrévérencieuse de l'Idylle 15 de Théocrite dans les Métamorphoses d'Ovide (Mét. X, 513-559) ?
Florence Klein

14h20 L’irrévérence d’Ovide face aux monuments du prince
Maud Pfaff

14h50 Discussion

15h00 Praise or mockery ? The case of the sixth-century AD poet Julian the Egyptian at the court of the emperor Justinian
Arianna Gullo

15h30 Discussion

15h35-16h45 Atelier « irrévérence » et discussion générale

Avec des présentations de Stanislas Kuttner-Homs (Nicétas Chôniatès et le portrait de l'empereur en laboureur), Anne-Violaine Szabados (Le Centaure enlevant un Silène) et Pierre-Alain Caltot.

Les collègues, doctorants et étudiants intéressés sont invités à présenter et/ou soumettre à la discussion les œuvres figurées ou descriptions d'images irrévérencieuses auxquelles ils peuvent être confrontés dans le cadre de leurs recherches. Si vous souhaitez participer, merci d'écrire à l'adresse signalée dans la rubrique "Contact"


Contacts

Contact

Access

Access

Maison Archéologie et Ethnologie, René-Ginouvès
Salle du Conseil, 4e étage 9h30-17h00 _____